French Muse Tribute – 29/09/2013 – Le truskel, Paris
Afin de fêter dignement les dix ans de l’album Absolution, la communauté francophone Muse France à organisé une soirée hommage le 29 septembre 2013. Ceci est la review d’une amie belge venue spécialement pour l’occasion.
« M’enfin ! Tu retournes ENCORE à Paris pour aller voir un groupe qui n’est même pas Muse ?! » Voilà ce que j’ai le plus fréquemment entendu avant ce fameux dimanche 29 septembre. Mais ce ne sont pas des fans qui disent ce genre de choses. Vous et moi savons que nous serions prêts à beaucoup de choses quand il est question de Muse. Financièrement et kilométriquement parlant. Mais pour un tribute band ? Est-ce que ça en vaut la peine ? Est-ce que je ne vais pas être déçu(e) ? Est-ce que je vibrer comme les originaux me font vibrer ? Puis bon, le Truskel, c’est pas le Stade de France, hein…
Ben je vais vous dire… TANT MIEUX !
Un mot sur la salle pour commencer. Pour ceux qui ne connaissent pas, le Truskel est un pub-club pourrait-on dire, puisqu’on y trouve de quoi à la fois se rincer le gosier et se remplir les oreilles de bons sons, le tout provenant essentiellement d’outre-manche (mais pas que), et orienté indie-rock/pop (mais pas que). L’atmosphère « pub » est bien là, et la première chose qu’on peut se demander, c’est comment on va réussir à caser un groupe, son matos et son public dans un espace qui ne paye pas de mine par sa taille. Dans ce cas-ci, l’adage « Ce n’est pas la taille qui compte » est de mise, et ceux qui apprécient les concerts intimistes, à l’exact opposé d’une représentation dans un stade, doivent être comblés à chaque fois. Avec les French Muse Tribute, s’ajoute la curiosité de voir « ce que ça donne », « ça » se référant bien sûr au répertoire de Muse, interprété dans ce contexte de proximité là où les fans lambda que nous sommes sont désormais habitués à en profiter dans de grandes salles (ou stades, ou plaines de festival), avec force vidéos, effets de lumière et murs d’amplis.
Entrons à présent dans le vif du sujet. Les quatre membres du groupe entrent en scène et l’ouverture donne déjà le ton. Une « rareté » intelligemment choisie, pile
dans le thème de la soirée puisqu’elle date d’Absolution : « The Groove ». De quoi faire décoller l’ambiance d’entrée de jeu. De quoi déjà mettre sur orbite ceux qui trouvent que ce titre mériterait largement plus que de n’être « que » une b-side (je plaide coupable). De quoi aussi laisser deviner que la suite de la setlist risque de comporter quelques morceaux que l’on n’entend en live qu’à de rares occasions désormais. Miam.
Si besoin était (mais rien n’est moins sûr), l’enchaînement de « Bliss », « Exo-politics », « Uprising », « Knights of Cydonia » et « SuperMassive Black Hole » vient mettre tout le monde d’accord. Ils balayent différentes époques avec ces titres forcément fédérateurs et ô combien puissants. Et justement, l’énergie que le groupe dégage n’a rien à envier à celle développée par les originaux, elle est largement contagieuse et il n’a pas fallu longtemps avant que toute la salle se mette à chanter, sauter et taper dans les mains. Est-ce qu’un être humain normalement constitué, même sans être fan de Muse, peut rester stoïque face à « Knights of Cydonia » en live? Au Truskel en tout cas, personne n’aurait pu ; la version French Muse Tribute dans ce contexte si intime n’a pas à rougir de la comparaison avec celle du Stade de France. La force et le potentiel exaltant sont les mêmes. D’une manière générale, l’interprétation est fidèle, y a du boulot derrière (et certainement de la passion), tout en ayant ces accents de « spontanéité » qu’on peut déceler en allant par exemple voir le groupe d’un pote qui joue rien que pour nous dans son garage. Sans prise de tête. Ça fait partie intégrante du plaisir qu’on retire de ce genre de concert quasi privé. Mention particulière en ce qui concerne le chant. Dire que l’étendue vocale de Matt Bellamy est assez large est un doux euphémisme et on devine qu’il faut s’accrocher pour tenir le niveau sur certains morceaux. Le défi est relevé et franchement bien relevé. Et il en est de même pour l’ensemble du groupe, en fait, ils assurent tous, y compris le « petit dernier » arrivé dans la bande, le batteur. La peur d’une déception s’est donc envolée très vite et très très loin ! Les French Muse Tribute savent de quoi ils parlent et valent largement le déplacement, il ne faut que deux ou trois chansons pour s’en rendre compte.
La suite du set revient carrément dans le sujet, puisque s’enchainent quatre titres issus d’ « Absolution ». « Hysteria » (Haaaaa ! Cette intro de basse ! I want it now !) précède « Apocalypse please » et «Sing for Absolution » qui (me) font particulièrement plaisir à entendre en live. Qui dit « Absolution » dit forcément aussi « Time is running out », et l’irrépressible envie de se prendre pour des kangourous gagne une nouvelle fois le public. Est-il utile de préciser qu’à ce stade du concert, certains moments ont déjà viré au karaoké sauvage ? Forcément ! Ces paroles, nous les connaissons mieux que tous les chanteurs du monde, fût-ce Matt Bellamy ! Qui avait peur de ne pas vibrer comme au Stade ? Moi ? Noooonnn…
Petit retour dans le passé, on s’arrête sur les albums « Showbiz » et « Origin of Symmetry ». « Muscle Museum » précède une b-side sympathique : « In Your World ». « Sunburn », « Unintended » et « Cave » nous ramènent quatorze ans en arrière. « Unintended » mis à part, ce sont là des morceaux que je n’ai jamais personnellement eu la chance de voir en live, et je me suis surprise à penser « C’est bon, j’ai eu ces quatre-là au moins une fois, maintenant, je peux mourir en paix ! ». Du plus courant ensuite avec « New Born », « Plug in Baby » et enfin « Stockholm Syndrome ». Titres régulièrement à l’affiche donc, mais toujours aussi efficaces et toujours joués avec la niaque qu’elles requièrent par FMT.
La « petite dernière pour la route » est un choix que je trouve audacieux. Finir sur « Feeling good », c’était assez inattendu, mais après tout, « Feeling good », c’est le sentiment qui domine, au terme de ce set qui nous laisse à tous un goût de trop peu. Oui, on en aurait bien repris encore !
Sans vouloir relancer le débat sans fin ni fond du « Muse, c’était mieux avant », ce show quasi privé sans fioriture et sans matos Bellamyien genre Kaoss Pad intégré rappelle qu’on peut prendre un sacré pied et « faire du Muse » avec une batterie, une gratte, une basse, un clavier et un chanteur, sans pléthore d’artifices. Quand la musique est bonne, comme dirait l’autre…
La setlist était donc plutôt orientée rock pur et dur, celui des premiers albums. Et c’était ce qui convenait au lieu et à l’évènement. Les fans qui ont une préférence pour les deux derniers albums ont peut-être pu ressentir un déséquilibre en leur défaveur, mais c’était la soirée en l’honneur des dix ans d’Absolution, après tout, pas un passage en revue extensif de tout le répertoire Musien. Les nostalgiques du début des années 2000 en ont en tout cas pris plein les oreilles avec plaisir. Une « setlist de rêve », pour ceux-là.
Les FMT, enfin. Ce n’est pas Muse, ils ne sont pas parfaits, mais ce n’est pas non plus ce qu’on leur demande. Ils ont joué avec cœur, conviction et talent, ils se sont visiblement amusés. Et même si le public était d’office acquis à leur musique, encore fallait-il que leur interprétation fasse l’unanimité et redonne à une horde de fans souvent exigeants et perpétuellement en manque le frisson, l’envie de sauter, hurler, headbanger ; envie que les originaux nous procurent par leur simple arrivée sur scène, avant même qu’ils aient touché une corde ou effleuré un fût. Pas si facile. Mais les French Muse Tribute sont allés jusqu’à nous donner ce petit goût de « J’EN VEUX ENCORE ! ». Mission accomplie. A voir, et à revoir si vous avez l’occasion.
Setlist
– The Groove
– Bliss
– Exo-Politics
– Uprising
– Knights of Cydonia
– Supermassive Black Hole
– Hysteria
– Apocalypse Please
– Sing for Absolution
– Time is Running Out
– Muscle Museum
– In Your World
– Sunburn
– Unintended
– Cave
– New Born
– Plug in Baby
– Stockholm Syndrome
– Feeling Good
Le groupe sera le 26 et 27 octobre en corse, plus d’info sur leur site. Photos : Caroline
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